Le crowdlending, une fausse bonne idée ?

Le crowdlending est un outil de financement participatif au même titre que le crowdfunding immobilier. Mais ici, pas de projet immobilier, le crowdlending vous propose de financer les TPE ainsi que les PME française, un joli programme en somme ! 

A une époque où l’on nous reproche sans cesse de privilégier l’investissement sans risque ou improductif au financement de l’économie réelle, le crowdlending semble être une solution toute trouvée pour changer les choses.

Au départ de cette idée, un postulat simple : en 2014, les banques échouent dans leur mission de financement des petites et moyennes entreprises. Il est donc urgent de trouver de nouveaux moyens de financements à destination de ces sociétés qui font le tissu économique français.

Nous sommes bientôt en 2020, il est aujourd’hui temps de tirer un premier bilan du crowdlending. 

Alors, avez-vous intérêt à investir via le crowdlending ? 

L’innovation est autant source d’opportunités que de risques.

Quelques chiffres du crowdlending

Dans un premier temps, quelle évolution pour le crowdlending ces dernières années ? 

Entre l’année 2018 et l’année 2019, la collecte est attendue en légère hausse et devrait être de l’ordre de 170 millions d’euros pour 2019. Dans le même temps, le nombre de projets financés devrait stagner voire diminuer.

Cette stagnation ou en tout cas cette augmentation mesurée de la collecte pose déjà la question du succès à long terme du crowdlending.

Collecte & rendement moyen

La moyenne de rendement s’établit à 6% pour une durée de placement de 40 mois.

Si le rendement attendu est supérieur à un livret A ou à un Fonds en Euros, ces placements ne sont pas comparables

En effet, le risque est bien plus élevé dans le cadre du crowdlending qui n’est rien d’autre qu’un prêt à une entreprise. Si le livret A est garanti en capital, le crowdlending vous expose au risque de défaut de l’entreprise.

Par ailleurs, les sommes investies dans du crowdlending sont indisponibles pendant toute la durée de placement contrairement aux placements sans risque dont la liquidité est immédiate.

Taux de défaut

Il est aujourd’hui encore difficile de communiquer un taux de défaut global pour le crowdlending. Cette forme d’investissement est proposée par un nombre significatif de plateformes qui ne sont pas toutes des plus honnêtes avec leur taux de défaut.

Deux tendances émergent cependant : 

  • Les taux de défaut ont explosé depuis 2014 
  • Les disparités sont très fortes entre les plateformes

Ainsi, le taux de défaut varie de 0% à près de 30% selon les plateformes proposant d’investir en crowdlending. 

Pourquoi cette explosion des taux de défaut ? Tout simplement du fait d’une logique d’équilibre entre offre et demande. En effet, le lancement du crowdlending en France a été un succès en termes de collecte. Au point même que les dossiers étaient trop peu nombreux pour satisfaire l’appétit des investisseurs particuliers. 

Et ces dossiers de financement étaient peu nombreux car la sélection opérée par les plateformes était drastique. Hors de question en effet de prendre le risque d’avoir un taux de défaut trop important au lancement du crowdlending et par la même occasion d’effrayer les investisseurs.

Cette sélection s’est considérablement relâchée afin d’augmenter le nombre de dossiers et donc la collecte potentielle. Ainsi, les taux de défaut ont explosé variablement selon le sérieux de chaque plateforme. 

Tenez-vous à l'écart du crowdlending

Le crowdlending est pétri de bonnes intentions. Qui ne verrait pas d’un bon oeil la possibilité de financer l’économie réelle ? Cela vous ouvre de plus un nouveau secteur d’investissement autrefois réservé aux banques et buisness angel.

Pour autant, le marché du crowdlending ne me paraît pas assez stable aujourd’hui pour que je puisse vous le conseiller. Si le rendement paraît intéressant au regard des rémunérations sans risque, la prime de risque elle, est insuffisante.

Le crowdlending, un modèle à la viabilité incertaine

Après l’engouement des premières années vient le moment des premières désillusions. Si tout secteur d’activité connaît un moment de concentration de ses acteurs, cela est arrivé particulièrement vite pour le crowdlending.

En octobre dernier, Unilend est placé en liquidation judiciaire laissant de nombreux investisseurs dans le doute concernant la continuité des remboursements. Au-delà de ces considérations, c’est la viabilité même du crowdlending qui est remise en cause.

En mai 2019, c’est au tour de Lendopolis d’annoncer la cessation de son activité de financement participatif des PME & TPE.

5 années après l’arrivée en France du crowdlending, la viabilité de cette activité est remise en cause.

Les banques remplissent leur rôle de prêt aux entreprises

Contrairement au postulat de départ, il apparaît que les banques remplissent leur fonction de prêt aux entreprises de manière tout à fait satisfaisante. Si toutes les entreprises françaises n’obtiennent pas de financement, c’est souvent du fait de leur situation ou d’un risque jugé trop élevé

Si les banques rechignent à financer une société jugeant l’opération trop risquée, pourquoi diable voudriez-vous prendre ce risque à la place d’un établissement bancaire, à fortiori sur vos propres économies ?

Par ailleurs, si les banques remplissent leur mission, pourquoi se financer à plus de 5% en moyenne quand une banque propose des taux bien plus avantageux ?  

Un modèle d'investissement exigeant et sujet aux dérives

Selon les statistiques du crowdlending, environ 600 projets sont financés chaque année. Dans le même temps, les plateformes de crowdlending déclarent n’accepter qu’entre 3% et 5% des dossiers présentés.

Les plateformes de crowdlending examinent donc chaque année plus de 10 000 dossiers de financement et n’en retiennent qu’une infirme partie. Examiner rigoureusement chaque dossier demande des compétences mais surtout du personnel. Or la rémunération de ces plateformes ne repose que sur une faible marge appliquée aux dossiers retenus.

Imaginez une équipe capable d’analyser 10 000 dossiers chaque année mais dont la rémunération dépend exclusivement d’une infime partie de ces dossiers. La viabilité économique semble compliquée à trouver dans cette situation. 

Et si vous ajoutez à cela une demande de la part des investisseurs supérieure au nombre d’entreprises éligibles au crowdlending, vous obtenez selon moi tous les ingrédients nécessaires à de nombreuses dérives dans le contrôle des dossiers. 

Ce qui nous ramène au même état de fait que celui constaté aujourd’hui : une explosion des défauts et d’ importantes désillusions pour vous !

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